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jeudi 25 mai 2017

Opération, bye bye "Tu-meurs"

Mon chir. alias  Edward aux mains d'argents - Tim Burton 


6 Septembre 2016

   Nous sommes le 6 septembre, mon mois de liberté conditionnelle a filé à toute vitesse. Fin août j'ai passé de nouveau une IRM. Mon combat « chimiothérapique » a fait reculer l'adversaire. Ce n'est pas une victoire par K.O mais j'ai pris l'avantage.
Ce matin je passe sur le billard, au programme exécution de la tumeur à coup de scalpel !
On arrive à la clinique avec Mathieu, forcément un peu stressés mais je suis moins angoissée que pour les deux précédentes opérations car celle-ci je crois que je l'attendais avec impatience ! - Sortez-le de moi ! -.
Et puis je commence à avoir une grande confiance en mon chirurgien, on commence à bien se connaître lui et moi après sept mois de passages sur sa table d'opération ou dans son bureau.

   J'enfile mes habits de papier et je fais un petit défilé à Mathieu pour rendre les choses plus légères. Car malgré tout une chirurgie ce n'est pas rien !
Pas le temps de trop penser, il est déjà l'heure de partir pour le bloc, - à tout à l'heure mon amour, je t'aime. -.
Et c'est parti, bye bye cellules cancéreuses !

Collection automne-hiver par Clinique Clémentville 
   Mon chirurgien va se changer en Edward aux mains d'argents, scalpels aux bouts des doigts, et me taillera en quelques heures un nouveau bout de sein.
Avant qu'on me l'explique, j'imaginais l'opération comme une banale extraction de ce parasite mortel, mais ce n'est pas si simple, lui et moi avons fusionné, il fait partie de moi, loin d'être un saint, il s'accroche à mon sein.
Afin de pouvoir identifier les cellules toxiques cachées parmi les saines, le chir. m'explique qu'il va injecter dans mon sein des encres colorées (les mêmes que pour le tatouage), il va piquer ma tumeur aux couleurs de mes fleurs !
J'aurais aimé recevoir une radiographie souvenir de ces couleurs en moi, tatouée de l'intérieur, quels artistes ces docteurs !
Pour terminer le travail, il faut reconstruire le sein. La masse va laisser place à un trou béant dans ma poitrine il faut donc me réparer, me remodeler.
Et puis pour ne pas laisser de place à l'incertain, suite à la découverte de quelques ganglions métastasés, j'ai le droit en plus à un curage du système lymphatique du bras droit. Une amputation invisible.
Il me retira également le P.A.C glissé sous l'hirondelle, même si ça paraît anodin, pour moi, c'est un réel soulagement, ça veut dire plus de chimio ! Mon hirondelle reprend sa liberté.

   Je ne me souviens plus de grand chose de mon réveil, trop dans les nuages à cause de l'anesthésie. Mes seuls souvenirs sont flous. Le passage de la psy, de la kiné et du chirurgien - je crois -, nos discussions se sont très vite évaporées. Je me souviens d'avoir eu très soif et de tenter désespérément d'attraper mon verre d'eau sur la tablette sans y parvenir - c'est mon lit qui s'est retrouvé trempé –et puis je me souviens de marcher difficilement, un pas après l'autre, à travers les couloirs du service, accrochée de toutes mes forces au bras de Mathieu, ultime condition de ma sortie le soir même. J'ai réussi. Quelle force on déploie avec beaucoup de volonté.

   Retour à la maison, repos, anti-douleurs, coup de fils pour rassurer tout le monde, livraison de fleurs, les copines qui passent avec du chocolat.
Convalescence post-op à la maison mais qui sera de courte durée car dès le vendredi on prend la route pour Orléans pour assister au mariage de Babou et Tristan. Témoin bancale mais témoin quand même !

Les jolies intentions 

   Comme je suis une débrouillarde et que je dois partir dans 3 jours, j'ai décidé que je ne ferai pas appel à une infirmière à domicile pour les pansements. En plus pour les précédentes opérations je m'en suis sortie toute seule. Donc deux jours après l'opération il est temps de s'atteler à la tâche. Je sors de la douche et commence à retirer les pansements posés à l'hôpital, délicatement –arfff, quand même, c'est plutôt impressionnant, je ressemble à la créature de Frankenstein ! -. Je prends sur moi, je respire un grand coup et je commence à nettoyer les cicatrices et à badigeonner de Bétadine – et là c'est le drame - : j'ai la tête qui tourne, la nausée, je m'assois sur les toilettes pour reprendre mes esprits... mais trop tard je vois des étoiles... 20 minutes plus tard, je parviens à me relever, j'attrape la boîte de soin et je fais au plus vite. Je me retrouve avec un patchwork de pansements collés sur la poitrine, ma salle de bain ressemble à un champ de bataille et je suis vidée ! Je rampe jusqu'au canapé...

   Entre la fatigue, l'anesthésie, et l'impressionnante cicatrice pas si facile que ça de jouer à l'infirmière... J'aurais mieux fait d'en appeler une vraie !
Mon téléphone sonne, je tends le bras pour le saisir, c'est ma Nono, je lui raconte ma mésaventure et ni une ni deux, un quart d'heure plus tard, elle sonne à ma porte.
Elle clean mon désastre qui redevient une salle de bain, me prépare un bon repas, me met au repos et me fait un bon coup de propre dans l'appartement. Merci ma Nono ! C'est aussi à ça qu'on reconnaît les amis, quand ils vous tirent d'un mauvais pas sans même avoir besoin de demander quoi que ce soit.

   Le lendemain départ pour le mariage, et puis quelques jours plus tard, cadeau de mon papa pour mes 30 ans, je m'envole avec lui pour Bari, retrouver mes racines pour une convalescence au top, vue sur l'Adriatique, là où le temps s'est arrêté.
Dolce Vita, thérapie gourmande, balades ensoleillées, farniente, etc. Le souffle de vie dont j'avais besoin.
C'est comme une renaissance !
À ce moment-là, je crois que la mort et mes idées noires se sont un peu plus éloignées de moi. Pourtant j'ai vécu ces 10 jours comme si c'était la première et dernière fois que je venais là-bas. Une sensation de vivre et ressentir les choses tellement plus vraie et plus forte. Je pense que c'est un effet secondaire du Cancer qui ne vous quitte plus jamais. Même si vous lui survivez, cette impression inconsciente que tout peut s'arrêter demain vous colle aux basques. Mais ça, c'est une bonne chose.



Soko - I'll kill her (remix)




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