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jeudi 4 juin 2020

La Matrescence

Dur dur d'être un bébé mais dur dur d'être une maman aussi ;)




        Mai 2020, alors que depuis des mois, on ne parle plus que de Coronavirus, confinement et dé-confinement, phase 1, phase 2, etc. j’aurais pu vous faire mon petit bilan de ces dernières semaines. Mais d’une part, je sature un peu du sujet… (et puis il se passe plein d’autres choses aussi dans la vie) et j’ai pris beaucoup de retard dans mes écrits, je pense que vous avez pu le remarquer ! ;-)

Donc le covid ou le confinement, on y reviendra plus tard, avec plus de recul (hein) !

        Aujourd’hui, je vais vous faire mon bilan post-partum plutôt et vous parler de cette période que l’on appelle aussi La matrescence.

Alors la matrescence c’est quoi ? Avant de la vivre, je n’en avais jamais entendu parlé ni même jamais vu dans le dico (bien que je ne l’ouvre plus beaucoup), pas de définiton dans le Larousse.
J’ai trouvé cette définition sur le net : « La matrescence est le terme qui définit le processus physique, psychique, émotionnel et social que vivent les femmes lorsqu’elles deviennent mère. Il est la contraction des termes « maternité » et « adolescence ». Sa pleine définition dans les détails dépendra de chaque mère, et évoluera pour chacune de ses grossesses et maternité. C’est Dana Raphael (1926-2016), anthropologue américaine, qui a inventé ce terme en 1973. Il relate la série de changements spectaculaires sur l’état physique de la nouvelle mère, son état émotionnel, ses relations aux autres et même dans son identité de femme. » (cf https://www.pro-parentageproximal.com/dictionnaire/matrescence/)
     Pour moi la matrescence, c’est bien plus fort et ça va bien plus loin que le post-partum souvent réduit à quelques jours après l’accouchement. La matrescence c’est le passage de l’état de femme à celui de maman, c’est le moment où on apprend à être une mère (pour ça il n’y a pas de bouquin) et c’est comparable (et tout aussi violent) à l’adolescence, ce moment charnière entre l’enfant à l’adulte. On parle beaucoup de « quatrième trimestre » de la grossesse car l’Homme a toujours besoin de tout délimiter surtout question timing ! Mais je peux vous dire qu’aujourd’hui ma fille à 5 mois et demi et je suis toujours dans la matrescence : j’essaye, je me trompe, je réussis, je suis épuisée, je suis euphorique, je suis désespérée, je me pose des questions, je suis heureuse, je suis malheureuse, j’ai besoin d’être rassurée, je suis sûre de moi et puis je doute… bref même si c’est de moins en moins difficile au quotidien, j’apprends encore et cela chaque jour, et je pense que c’est loin d’être terminé !
       

        Revenons-en à l’arrivée de ma poupette car lorsqu'on s’est quitté, elle était encore dans mon ventre…
Début décembre 2019, elle débarque dans ma vie (déjà pas simple) et chamboule tout à nouveau !

C’est avant tout le bonheur, que cette petite chose tant attendu durant des mois arrive enfin mais, pas seulement. C’est très vite très compliqué et difficile. Physiquement et moralement.


Il faut dire que ma fin de grossesse n’a pas été facile (deuil et séparation) et cela ne m’a pas aidé à être dans les meilleures conditions pour la venue au monde de mon enfant. Malheureusement ainsi va la vie et elle est rarement facile. Très seule durant cette période, j’ai eu la chance d’être accompagnée par une super équipe à la maternité. J’étais très stressée et je me suis sentie coupable à l’idée de transmettre mes angoisses à mon bébé, car on n’a cessé de me répéter « ce sont de véritables éponges… », tout le temps de ma grossesse.

 Très honnêtement je pense autant pour moi que pour toutes les mamans les premiers temps de la maternité sont très difficiles ! (Pour les papas, je ne sais pas)

J’ai passé toute ma grossesse à entendre que donner la vie est la plus belle des choses, qu’il faut profiter des premiers moments car ils passent bien trop vite, et que ce n’est QUE du BONHEUR…

… et bien non, ce n’est pas QUE du bonheur et parfois ces moments qui après coup « sont passés trop vites » peuvent paraitre bien trop longs au moment où vous les vivez. Parce que j’ai passé quand même beaucoup, beaucoup de temps à pleurer, à douter, à ne pas me sentir à la hauteur, à chercher partout ce qu’on appelle l’instinct maternel, à avoir peur… (et ça m’arrive encore). Alors oui, l’humain est bien fait et plus le temps passe plus il oublie, l’accouchement, les prémices de la maternité, les douleurs, les peurs, etc. et c’est tant mieux. Mais sincèrement, je n’y étais tellement pas préparée que le choc a été violent.

Je me suis sentie complètement perdue… désemparée et surtout complètement seule. Et puis quand tout le monde vous répète que c’est beau, merveilleux, etc.  Alors on culpabilise d’être dans cet état. Et puis comment se plaindre de quelque chose qu’on a tellement voulu ?

Il est certain que les hormones y sont pour beaucoup mais ça n’en fait pas quelque chose de moins difficile à vivre ou plus facile à accepter (elles ont bons dos pour tous les hormones chez la femme). Ce que je trouve terrible, c’est le tabou qu’il y a autour de cette période, tout comme celui de la grossesse ou de l’accouchement ; Et non ce n’est pas toujours tout beau tout rose et surtout ça se passe très différemment selon les femmes. Après un accouchement on est sur les rotules et il faut pourtant consacrer tout son temps et tout son être à ce petit bout de soi qui pour le moment ne vous donne que quelques sourires d’anges et des brimes d’échanges. Et je n’imagine même pas après une césarienne…




Alors oui, ce n’est pas le cancer, ce n’est pas la chimio, on fait un enfant par choix mais on a le droit de dire que c’est difficile, et il n’y a pas de comparaison à faire. Je n’ai pas eu une grossesse difficile et surtout sans complications, mais j’ai passé 7 mois sur 9 à vomir. Oui, mon accouchement s’est bien passé, j’ai été entourée par une équipe soignante au top et bienveillante vu les circonstances particulières. Pas de complications non plus mais le travail a duré 20h, mes contractions étaient très douloureuses au point de tomber dans les pommes et pourtant je ne suis pas douillette (vive la péridurale tant attendue durant 7h) et ils ont sorti le bébé avec la ventouse, c’est une pression très violente pour le bébé et pour le corps.  Post accouchement il faut se remettre de tout ça… Alors oui je peux affirmer que tout s’est bien passé pour moi mais c’est un épuisement terrible du corps, des saignements hémorragiques durant des semaines, des douleurs même sans déchirures ou épisiotomie. Le corps s’est déformé durant 9 mois et puis a dû expulser un bébé de plusieurs kilos… C’est éprouvant ! L’accouchement est souvent comparé à un marathon… Comment faire une bonne convalescence sans pouvoir se reposer (car le sommeil, on oublie), tout en apprenant à devenir maman. Il faut s’occuper de son bébé mais ni le corps ni la tête ne suivent le pas… alors imaginez en plus quand le cancer est passé par là et a déjà fait pas mal de dégâts…

Sans allaiter j’ai vite perdu mes kilos de grossesse… j’ai vite retrouvé la tonicité de mon périnée avec la rééducation et la reprise du sport mais aujourd’hui à bientôt six mois post accouchement, je peux vous dire que mon corps s’en remet à peine et ma tête n’en parlons pas…

On sait que ce n’est qu’une phase, qu’on s’en remettra mais il faut le prendre en considération, en être conscient lorsque l’on décide de concevoir un enfant afin de s’y préparer et pouvoir le vivre le mieux possible. Il est important de se faire accompagner dans toutes ces étapes.

C’est ce qui a été terrible pour moi, ne pas être préparée à cela. Ma sage-femme m’en avait parlé mais je n’ai sans doute pas voulu entendre, et puis j’étais préoccuper par tellement d’autres choses.

Du coup je me suis sentie trahie par la société qui pour moi minimise complètement la violence psychologique de cette période. J’ai énormément culpabilisé de ne pas être la maman heureuse et épanouie qu’on est censée être et du coup il n’est pas facile d’en parler. J’ai fini par échanger avec mes amies, faire des recherches sur la matrescence… j’ai fini par comprendre. Elles avaient ressenti la même chose que moi comme finalement la plupart des femmes, et ça m’a beaucoup aidé. Je n’étais pas en dépression post-partum comme il est si facile de coller cette étiquette sur les femmes. Je devenais seulement maman pour la première fois...

Aujourd’hui je vais beaucoup mieux, je suis moins perdue, moins fatiguée, de plus en plus heureuse d’être maman. Chaque jour j’aime ma fille encore un peu plus que la veille et j’apprends à la connaitre. Je sais la chance que j’ai d’avoir cette petite puce dans ma vie, cet amour inconditionnel mais oui c’est difficile de devenir une maman. Il n’y a là-dedans rien d’inné, cela s’apprend chaque jour, et on est seule face à son propre enfant. Il faut composer, s’adapter chaque jour, sortir de sa zone de confort, repousser ses propres limites… prendre sur soi car on ne peut pas faire de « pause » quand on le souhaite et surtout accepter que jusqu’à la fin de sa vie on se fera du souci pour lui, à en avoir mal au ventre. Avoir un bébé change la vie pour le meilleur et pour le pire.




A ma Giulia que j'aime tendrement <3

6 commentaires:

  1. Toujours cette même plume acérée et ce regard lucide sur la vraie vie !! Je te souhaite une belle vie de maman et j'envoie mille bisous tendres à Giulia

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    1. Merci beaucoup Joëlle. On vous embrasse également.

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  2. Oh la la comme je te comprends ma Lisa!!! Mon p'tit gars que j'aime de tout mon coeur est le meilleur contraceptif du monde!!! Heureusement qu'on écoute que ce qu'on veut quand on veut un bébé 😉 plein de bisous à vous deux ❤

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    1. Oui et heureusement qu'on oublie petit à petit ;)
      J'espère que vous allez bien tous les trois. On vous embrasse

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  3. Toutes les femmes passent par ces phases Lisa, ne t'inquiète pas. Je me suis posée les mêmes questions. Les pleures, les colères et heureusement les joies. Le rôle de maman est très difficiles. Mais ont a prends tout les jours.soit toi même et tu verras que ça ira. Bacione a voi due 😉💋❤️❤️

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  4. Je sais bien mais il est important d'en parler.
    Des bisous

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