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jeudi 6 avril 2017

Les attaques multiples de l'adversaire : les effets secondaires ! Numéro 2 : La neuropathie


Kinshasa - Ali Vs Foreman - 30 oct 74 -  Le jour où Ali entra dans la légende

Du 14 Avril au 28 Juillet 2016


   Cela fait maintenant quelques semaines que je suis passée au Taxol. Bien briefée par les docs et les infirmières, j'étais assez au courant des attaques possibles causées par ce nouvel adversaire... Au début tout se passait pas trop mal et puis, comparé au Fec, j'avais l'impression de mener la danse sur le ring ! Jusqu'à un certain moment – il ne faut jamais trop vite prendre confiance – il m'a eu par surprise !
Après les ongles, la chimio s'est également attaquée à l'extrémité de mes doigts, les mains, puis les pieds... La neuropathie périphérique– Aïe, là ça devient cérébral ?! -. Celafait un peu peur comme ça, mais c'est surtout un gros mot. Ce n'est pas bien grave mais assez handicapant. Pour faire simple je perds la sensibilité du bout des doigts et des doigts de pieds. Le nerf en question, l'Axone, est comme grignoté par le Taxol. J'ai une sensation de fourmillement permanente, et je suis comme engourdie ! Et du coup pas dégourdie ! Les objets m'échappent sans cesse des mains – j'ai encore cassé un de mes verres « flamant rose » préférés -, attraper une aiguille devient un challenge – je suis obligée de mettre mes travaux de couture de côté – et les nus pieds sont mes meilleurs amis ! Même si le terme « neuropathie », ça claque comme ça, c'est tout de même un peu douloureux donc plutôt naze comme super pouvoir ! 
Conséquences immédiates, pendant les séances, je ne suis plus seulement les yeux plongés dans un iceberg mais les mains et les pieds également. 

   Je me souviens alors, lors de l'une de mes premières séances de chimiothérapie, de cette femme assise à quelques sièges de moi.
Elle ne recevait pas le même jus de chaussettes que moi, je le voyais à la couleur de sa perf ! Mais elle était également traitée pour un cancer du sein. La tonalité de sa voix n'étant pas des plus basses, j'avais pu avoir un aperçu de son « histoire de cancer » lors de ses échanges avec l'amie qui l'accompagnait. Elle devait avoir une trentaine d'années, quarante tout au plus. Ce n'est pas évident de donner un âge aux gens quand on est tous affublés des stigmates de la maladie...
Elle me faisait penser à Camille Cottin, l'actrice de la mini-série Connasse de Canal +, autant physiquement que dans sa manière d'être ou de s'exprimer. 
Je me souviens particulièrement de ce moment où l'infirmière est venue lui apporter la glace pour ses yeux, ses mains et ses pieds. Au bout de cinq minutes elle grelottait et demandait à avoir un plaid. Au bout de dix, elle commençait à remuer dans tous les sens en gémissant et au bout de quinze, elle pestait après tout le monde ne supportant plus la sensation glaciale qui saisissait tout son corps. 
J'étais bouche bée de la voir faire son cirque ainsi alors que dans la pièce, tous les autres prenaient leur mal en patience et ravalaient leurs douleurs. 
J'allais bientôt comprendre- même si je suis moins démonstrative - ...

   Ayant fait part de mes symptômes aux infirmières, la réaction ne se fut pas attendre… Glace pour les pieds et les mains – douche froide, glacée même ! -.Je peux vous dire que la première fois, comme je ne m'y attendais pas, même après cette démonstration théâtrale, cela avoisina l'enfer (pour moi comme pour Mathieu qui m'accompagnait ce jour-là). J'en avais les larmes aux yeux de douleur, de colère et de lassitude. Mais j'ai essayé le plus possible de ravaler tout ça...


Lisa aka Tyson Ice


   La première réaction de Mathieu fut de rire en me voyant dans mon nouveau costume de super héroïne : les pieds dans mon casque de glace, mon bandeau gelé sur les yeux et mes moufles polaires. On aurait dit une chimère, mélange de Mike Tyson et de la reine des glaces prête à monter sur le ring ! 
Moi je ne riais pas du tout. Sentant mon mal-être, il s'est vite ravisé... Je ne me voyais pas dans mon nouvel accoutrement mais je le sentais !
Bon, je vous avoue qu'en voyant la photo plus tard, - oui, parce que évidemment il a immortalisé l'instant - moi aussi, j'ai eu le sourire aux lèvres.
Sur le moment pas de rire juste des larmes qui coulent le long de mes joues… Je n'aime pas le froid, je suis une fille du sud ! J'ai mal, c'est froid puis ça brûle ! Je ne sens plus mes pieds ni mes mains. Je déguste et mon pauvre amoureux aussi et, j'en suis désolée... Mes gants de glace aux mains, et ma douleur sur les épaules, mes coups n'ont pas été tendres... J'ai distribué des uppercuts gelés comme une marionnette articulée par des pics de douleurs glacées… Il a été mon punching-ball humain ! 

   Ce n'est jamais évident pour les autres, les « aidants » comme on se plait à les appeler dans l'univers du Cancer. Les aidants c'est ceux qui aiment et qui se retrouvent là, face à nous et qui subissent ce que la maladie fait de nous... Je n'aime pas mon numéro dans tout ce cirque mais le leur n'est pas plus facile !

   Les séances suivantes ont été de plus en plus faciles. On finit par s'accoutumer au froid, et on prend son mal en patience. Et puis, on prend conscience des actions positives ! Les symptômes ont stagné sans s'aggraver. Les effets de la neuropathie sont fort heureusement régressifs dès l'arrêt du traitement et le froid aide à les contenir. Mais comme pour les ongles abimés, ils ne disparaitront pas d'un coup de baguette magique à la fin de la chimiothérapie, il faudra s'armer de patience car ils mettront plusieurs mois, voire une année, à se dissiper...



 Chet Faker & Flume - Drop the Game

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